Amstrad Magazine (1986 ou 87)
Crafton est un robot, Xunk
un podocéphale. Drôle de couple, Pas très
sérieux, Pour s'acquitter d'une mission pourtant
vitale : dérober aux terriens le contrôle
de l’énergie sur XUL 3. Une Aventure futuriste
dans des décors très "design".
Le scénario n'est pas simple : on le trouve
joliment expliqué dans un manuel de règles
en bande dessinée, très amusant. La planète
XUL 3 doit toute son énergie à un satellite
en forme de pyramide, qui capte l'énergie cosmique
et la reconvertit. Mais il y a un hic : ce satellite
est télécommandé de la Terre. Or,
aux dernières nouvelles (nous sommes en 2912
!) , les Terriens s'apprêtent à se lancer
dans une terrible guerre interplanétaire. Si
l'humanité disparaît dans le conflit, plus
d'énergie pour XUL 3... De quoi rendre soucieux
les Xuliens !
Ils décident donc d'envoyer sur Terre un robot,
d'apparence parfaitement humaine, Crafton. Facétie
: on lui a volé sa calotte crânienne, et
les circuits imprimés sont visibles. Le coupable
, c'est Xunk, un podocéphale (c'est-à-dire
-juste un pied plus une tête, vous voyez le personnage
). Bref, on finit par coiffer Crafton d'un bonnet de
fillette, et Xunk part avec lui vers la Terre.
Retrouver la mémoire...
Vous allez donc devoir guider Crafton dans le dédale
du Centre Energétique terrien pour qu'il y dérobe
les mémoires et contrôles de Xul 3. Il
faut pour cela parvenir dans la salle du grand ordinateur,
Zarxas, à l'aide d'un code à huit chiffres.
Chaque chiffre vous sera donné par un des savants
du lieu...
Vous ne guidez pas Xunk : il se contente de folâtrer
librement à droite et à gauche, sans vous
aider. Il arrive même qu'il se mette dans vos
jambes et vous retarde... Enervant.
La salle de départ est aléatoire (une
parmi 4 ou 5). On est tout de suite frappé par
la qualité du dessin : des murs en dégradés,des
ombres, des chaises, des tables, des tapis électriques,
des panneaux sculptés. L'animation est à
la hauteur, rapide, humoristique (voir Xunk) et variée
(des robots ennemis de toutes les formes et modes de
déplacement imaginables). Et tout est possible
: on peut pousser ou tirer tables, chaises, coffres,
ou encore monter dessus, les sauter. Les robots ennemis
poussent Crafton, qui lui-même pousse un tabouret,
puis saute dessus, en descend, etc. Un réalisme
dans l'animation qui égale le fameux Nightlore
d'Ultima.
Une perspective réjouissante
Clavier ou joystick, vous avez le choix dans un menu
initial. On ne saurait trop vous recommander le joystick,
dans son mode d'utilisation 2. Les trois autres options
nous ont semblé vraiment très difficiles
à manier... En effet,
chaque salle ou couloir est vu légèrement
au dessus (cinématographiquement, en "demi-plongée").
Les perspectives sont donc respectées, et les
directions de mouvement ne correspondent alors pas vraiment
aux simples orientations sud-nord/est-ouest du clavier
ou du joystick (même problème que dans
le fameux Q-Bert). Donc, comptez quelques parties pour
vous déplacer avec précision et rapidité.
Crafton part avec 99 points d'énergie. Tout
contact avec un ennemi (robot ou savant) lui fait perdre
de cette énergie, environ un point par seconde
de contact. A zéro, c'est la mort. Pendant la
première partie, si vous parvenez à voir
deux salles, c'est déjà un exploit ! Heureusement,
des cabines "holophoniques", assez rares,
permettent de recharger Crafton. Ouf ! Consolation :
le temps ne vous est pas compté pour réfléchir
(en se réfugiant par exemple sur une table, on
peut examiner tranquillement la pièce sans être
inlassablement agressé par les robots). Le jeu
nous a semblé franchement difficile : les savants
sont vraiment très hargneux, et les robots tenaces.
Beaucoup de portes sont fermées, leur clé
est difficile à trouver. Le dessin des objets
les rend facilement reconnaissables (bouteilles diverses,
coffres, bougeoirs, lampes), mais où, quand,
et comment les utiliser ? D'autant qu'on ne peut en
garder qu'un seul à la fois dans la petite valise
de Crafton, à gauche de l'écran... On
rencontre aussi bon nombre de tapis électriques
et de parois mobiles, sans compter un piège diabolique
que nous vous laissons découvrir... Ajoutez à
cela des acrobaties difficiles à réaliser,
des énigmes dans chaque salle, et un ordinateur
central qui ne se laisse pas faire, et vous aurez une
idée de la tâche terrible de Crafton !
Une programmation parfaite, des dessins et des musiques
méticuleusement soignées, un bon niveau
de difficulté : Crafton et Xunk a de bonnes chances
de devenir un classique de ces nouveaux jeux d'aventure
et d'arcade.
Amstrad Magazine Dec1987
LE MONDE DE CRAFTON
Une équipe? Non.
Seulement deux copains qui frisent le génie comme
d'autres frisent la correctionnelle, chacun dans un
art différent et pourtant indissociables l'un
de l'autre.
Le microcosme informatique Anglais regorge de stars
en tous genres, créées de toutes pièces
pour les besoins de la noble cause que l'on nomme promotion
ou ayant le plus souvent (et c'est heureux) une existence
palpable et une suprématie réel le dans
le domaine traité. De ce côté de
la manche, par contre, où paradoxalement le "
star système " parait se porter aussi bien,
sinon mieux qu'ailleurs en ce qui concerne le cinéma
et la chanson, il nous est impossible dans la majorité
des cas de voir naître, ne serait-ce qu'une étoile
filante.
Bien heureusement, toute règle a son exception.
La preuve, ou plutôt les preuves, les voici :
Michel Rho, magicien du pixel, créateur intarissable
des héros les plus pittoresques qui jalonnent
notre vie informatique, et Rémi Herbulot, marionnettiste
de génie qui manie l'enchevêtrement complexe
des fils de la programmation comme personne.
Naissance du héros
Le fait que Rémi et Michel soient tous deux sous
les feux de la rampe ne résulte pas du hasard
ni de la seule bienveillance de la société
Ere Informatique. Souvenez-vous : Macadam Bumper, aujourd'hui
connu dans le monde entier y compris aux Etats-Unis
où vient de débuter sa commercialisation,
signé Rémi Herbulot ; et bien sûr
Crafton et Xunk, première et fructueuse collaboration
Rho/Herbulot, dont le succès n'a pas faibli depuis
sa sortie en Janvier 1986.
Il est évident (rendons à César
ce qui lui appartient) qu'Ere Informatique n'est pas
tout à fait étrangère au phénomène.
Là où d'autres cachent les auteurs comme
ils le feraient d'enfants illégitimes, au profit
d'un héros pixellisé, Ere pousse
ses réalisateurs de talent sur le devant de la
scène, donnant ainsi la chance aux auteurs libres,
dont Rémi Herbulot fait
d'ailleurs partie, d'aller voir ailleurs (au cas où
ils y seraient ) avec une carte de visite gravé
en lettres de feu plutôt qu'à l'encre noire.
Rémi est encore là et nous a concocté
un deuxième épisode de la vie trépidante
de Crafton, l'androide et de son fidèle ami Xunk,
le " Podocéphale ", qui a assurément
tout ou une partie du cerveau dans le talon…
CRAFTON II , l'Ange de Cristal
Après sept mois d'un travail acharné,
sortait, au tout début 86, le logiciel dont le
nom devait rester gravé dans la mémoire
de tous les joueurs micro : Crafton et Xunk. Dès
sa sortie, nous dit Rémi, quelques unes des routines
qui ont été utilisées dans le numéro
deux,étaient déjà au point. Il
aura donc fallu presque deux ans pour parvenir au but
recherché : la création d'un nouveau jeu,
presque totalement différent, tout en restant
basé sur les pérégrinations de
ce héros de légende qu'est Crafton ? Non,
loin de là. En fait, il aura suffit de quatre
mois pour la réalisation complète, Le
reste du temps fut consacré à des tâches
plus ingrates d'adaptation de Macadam ou de Crafton
1 sur d'autres supports. L'ange de cristal, bien que
réalisé en deux fois moins de temps que
son prédécesseur, a pourtant une multitude
d'atouts supplémentaires dans sa manche. La quasi
multiplication par trois du nombre de sprites utilisés
(350 contre 130 pour Crafton 1) et la richesse de la
palette des décors en font le premier jeu qui
exploite à fond les 128 Ko du 6128 ; Que les
possesseurs de CPC 464 et autres 664 ne désespèrent
pas, ils ne seront pas laissés pour compte. Deux
versions sont prévues : la première sur
disquette pour 6128 et 464 effectuant des accès
disques fréquents pour ne pas engorger la mémoire
de ce dernier , et la seconde sur cassette, légèrement
réduite pour ce qui est du nombre d'écran.
Les nouveaux personnages
Une véritable maison de fous !.Telle est la première
constatation qui s'impose au regard d'un nombre impressionnant
de personnages qui s'animent sur l'écran. Que
l'on se rassure tout de suite, la version test que manipule
l'auteur est tout à fait particulière.
Les personnages y apparaissent et disparaissent à
volonté et l'on se retrouve enfin, après
quelques affleurements de touches miracles, avec une
scène nettement moins embouteillée. Il
n'empêche que dans l'ensemble, le jeu grouille
de personnages hétéroclytes, robots ménagers
ou de toute autre sorte, " Swapis, Stiffiens etc
" La grande vedette la Xunkette , podocéphale
de charme qui fait craquer à tous coups notre
petit Xunk, qui se met à sautiller de façon
totalement équivoque dès qu'il l'aperçoit.
D'autres gags, tous plus forts les uns que les autres
jalonnent l'aventure de Crafton, tel que l'obligation
absolue de mettre des patins pour pénétrer
dans une demeure Ftisienne, sous peine de coups de rouleau
à pâtisserie de la part de la maîtresse
de maison. D'autres changements d'importance différencient
les deux épisodes. Ainsi, la grande majorité
des décors de l'Ange de Cristal sont des vues
extérieures, bucoliques à souhait et bourrées
de détails leur conférant une beauté
certaine et un réalisme charmeur.
L'avenir
Voilà, vous savez presque tout du petit monde
de Crafton dont nous aurons l'occasion de reparler lors
du test du jeu dans notre prochain numéro. Pour
l'avenir, Rémi fait des rêves de simulation
de Formule 1 ou de wargames aux belles explosions hautes
en couleurs. Plutôt que la quantité, il
souhaite donner le maximum de qualité à
ses réalisations pour aller au bout de son rêve,
A tel point d'ailleurs qu'il préférerait
ne rien faire de ses idées s'il ne pouvait les
réaliser selon son idéal. Pour l'heure,
il va être suffisamment occupé aux adaptations
de Crafton Il sur d'autres machines, qu'il a bien l'intention
de continuer à faire la nuit, dans sa bonne ville
de Caen, le plus loin possible des bruits et de l'agitation
Parisienne.
Promo " Craftoniene "
Qui a dit que littéraire ne rimait pas avec informatique
? En tout cas, pas chez les gens d'Ere qui ont voulu
laisser libre cours à l'imagination débordante
de R. Herbulot pour leur préparer une nouvelle
de trente pages pleine de gags et de bons mots, ayant
pour thème les héros du jeu. Cette dernière
incluse dans le packaging du jeu. Notons au passage
que c'était là, l'occasion rêvée
pour l'auteur, d'assouvir une folle envie d'écrire.
L'ange de Cristal est commercialisé sous une
formule d'emballage originale, ayant la forme d'une
pochette de disque à double volet, qui contient,
outre la nouvelle, un poster de Crafton et Xunk, Amstrad
Magazine/Ere Informatique,
Georges Brize
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